PAUL DE ROUX
Ⓒ O. Giroud
Dimanche 9 juillet, à 12h / Hommage à PAUL DE ROUX, poète
Cour de la Cure Saint Maurice, Place Saint Paul
Décédé
à Marseille pendant l’été 2016, Paul de Roux avait été l’invité de Lettres sur
cour en 1998, avec Jacques Réda à qui le liait une solide amitié. Et il est venu
à Lettres sur cour à plusieurs reprises, accompagner d’autre amis poètes.
Né à Nîmes en 1937, il
passera toute sa vie professionnelle dans l’édition, notamment dans le secteur
encyclopédique de Robert Laffont, pour le Dictionnaire des œuvres, dont il fut
le rédacteur en chef. En 1969, il crée une revue de littérature, La
Traverse, avec Pierre Leyris, Bernard Noël, Georges Perros, Jean Queval,
Henri Thomas…
En
1980 paraît aux éditions Gallimard un premier recueil de poèmes, Entrevoir, aussitôt salué par Claude
Roy. D’autres recueils suivront régulièrement jusqu’au dernier, À la dérobée, paru en 2005.
Paul
de Roux a également publié ses carnets sous le titre d'Au jour le jour (4 tomes
au « Temps qu’il fait » et le dernier au « Bruit du Temps ») ;
un roman, Une double absence
(Gallimard, 2000) ; des livres consacrés à la peinture, et de rares traductions
de l’anglais dont Hypérion de Keats, à La Dogana.
Trois
de ses recueils de poèmes, Entrevoir, suivi du Front contre la vitre
et de La Halte obscure, ont été réunis en un volume dans la collection
Poésie/Gallimard, préfacé par Guy Gofette. «Sa poésie contemplative et sensuelle
à la fois, déploie en des vers libérés de toute contrainte, dans une langue
simple, dépouillée d’artifices, d’images intempestives et d’envolées lyriques,
une célébration de la vie donnée ici et maintenant. », écrit-il, et encore :
«Le rôle du poète, pour Paul de Roux, n’est pas de changer le monde, mais de se
changer soi-même en le regardant dans les yeux, jour après jour, avec la
volonté d’entrevoir […] ce que la vie
veut nous dire […] .»
C’est
à cette poésie-là que Lettres sur cour a souhaité rendre hommage cette année, à
ce poète qui nous a accompagnés.
« J’aimerai cette pauvre lumière
qui est sur vous, mes murs.
Cette pauvre lumière que vous me tendez
je m’en contenterai, oui, je la célébrerai »
(« L’amitié
des murs », in Entrevoir,
Gallimard, 1980)
« Impression qu’il faudrait faire quelque chose, mais quoi ?
quelque chose qui ne désespérerait pas d’une journée d’été
ni de toutes les images anciennes – même dans ces périodes
il y eut les hautes cimes des arbres, indemnes
et la détestation n’y peut rien – quelque chose
à bâtir avec le balai du balayeur de rue au matin
quand une hirondelle pique d’un cri le ciel de la ville
ou bien ce serait quelque chose à défaire, comme on se penche
quand on veut défaire le nœud d’une chaussure.»
(« Faire ? défaire ? » in Le front contre la vitre, Gallimard,
1993)
« Ni une langue ni un dieu, jamais,
ne m’auraient satisfait : trop vastes les herbiers,
nombreuses les chansons et les rives de la mer,
les cités des hommes et celles des fourmis :
seuls des dieux et leur incongruité,
des langues et leurs pièges subtils
sont à la mesure du ciel et de ma soif. »
(« Un polythéiste attardé », in Allers et retours, Gallimard 2002.)
« Les mots m’échappent
qu’ils s’envolent !
Créature lourde, entravée,
que je ne les retienne pas
eux qui me viennent légers,
d’un espace sans mesure
interdit à mes pas. »
(« Caliban » in La halte obscure, Gallimard, 2014)
« Tu diras la vie qui t’a rejoint
dans le silence de l’aube et le fouillis
des choses entassées et des échecs,
amoureux soudain du souvenir des plages
et du soleil dans les pins, de l’inaltérable
jeunesse des instants où les bras
et la mer se comprennent. »
(« L’inaltérable » in La halte obscure, Gallimard, 2014)
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