HUBERT HADDAD
ⓒNemo Perier Stefanovitch
Samedi 8 juillet, à 12h / Buffet littéraire : Hubert Haddad présente la revue Apulée
Samedi 8 juillet, à 15h / Lecture rencontre : Hubert Haddad
Samedi 8 juillet, à 15h / Lecture rencontre : Hubert Haddad
Accompagnement musical : Saïd Idrissi Oudghiri (darbuka) et Léo Fabre-Cartier (oud, lotar)
Cour de la Cure Saint Maurice, Place Saint Paul
L'oeuvre d'Hubert Haddad ressemble en cela au
canevas complexe d'un somptueux tapis que pris un par un chaque noeud est aussi
important, aussi parfait que le suivant -disons par exemple ses nouvelles,
regroupées en deux coffrets qui sont des modèles d'invention où l'auteur exerce
sans réserve son talent à explorer et l'imaginaire fictionnel et les infinies
variations de la langue : "au magasin de l'imaginaire on peut tout
s'offrir sans perdre un sou de réalité"-.
Prise dans son ensemble, la bibliographie de
Haddad expose une cohérence qui n'a d'égale
dans sa limpidité que la diversités des thèmes abordés. Qu'il se
présente en romancier ou en poète, qu'il s'essaie au roman zen ou à la
chronique de la plus brûlante actualité :"Palestine", il
explore dans le cadre de la nouvelle fiction, courant littéraire qu'il a
créé avec quelques autres écrivains -dont Chateaureynaud, autre éminent
nouvelliste- l'immense terrain de jeu de la création littéraire.
Lorsque paraît en 2016 la revue Apulée dont
Hubert Haddad est le fondateur, c'est avec la même liberté, la même exigence
intellectuelle qu'il donne la parole à tous les champs de la création
intellectuelle : plasticiens, poètes, philosophes, historiens, et qu'il ouvre
un espace consacré au métissage des
cultures, à l' intrication des traditions, des pensées et des peuples. La revue
se propose avec plus de 70 contributeurs de réfléchir aux galaxies
identitaires, principalement du pourtour de la méditerranée :« Sortir du
manichéisme ordinaire, montrer la proximité charnelle, la nécessité où nous
sommes d’admettre la contiguïté existentielle, la convivance des uns et des
autres, tout le reste étant masquage idéologique ou aveuglement sectaire.
L’essentiel de notre réalité partagée est symbolique, acquise, culturelle. Nous
sommes traversés de légendes et de rêves et des mille palimpsestes
d’encyclopédies évanouies ». Les 400 pages de la revue sont là pour rappeler
que la simplification n'amène que des conclusions erronées, que nous sommes
faits de milliers de tangentes intriquées les unes dans les autres, des mille
pièces du puzzle multiculturel que constitue notre histoire.
Michel Edo
Hubert Haddad, aux Editions Zulma
La revue Apulée, sur le site des Editions Zulma
Michel Edo
Hubert Haddad, aux Editions Zulma
La revue Apulée, sur le site des Editions Zulma
Extraits de "Le Peintre d'éventail "
"Le chemin grimpait maintenant entre les buissons de fusains, d'aralias et de houx, parmi des rochers d'inégales dimensions émergeant des mousses et des lichens ambrés, avec en arrière-plan des pins parasols et des cèdres nains. Il ne pouvait qu'admettre une fois de plus la souveraineté de la nature. Jardiniers et maîtres paysagers s'épuisaient en vain dans l'imitation de son aspect sauvage. Tant d'harmonies et d'heureux contrastes n'étaient pas dus au seul hasard : des millénaires d'ajustement avaient façonné ces abords jusque dans la sensibilité de générations contemplatives. Seules, la foudre, les intempéries ou la dégénérescence liée à l'incurie humaine pouvaient s'attaquer au paysage. Mais une magie native remodelait vite ces espaces. La nature respirait de tous les souffles de la montagne. Son énergie calme était comme la pensée des éléments, un dialogue entre ciel et terre. Matabei s'immobilisa, l'esprit aux aguets. Une bourrasque échevela un cèdre pleureur aux lianes d'or : portées par le vent, les cloches d'un sanctuaire shinto tintèrent en même temps que sifflait le milan. A quelle fin les signes du monde, coïncidaient-ils ?"
"Ecoute le vent qui souffle. On peut passer sa vie à l'entendre en ignorant tout des mouvements de l'air. Mon histoire fut comme le vent, à peu près aussi incompréhensible aux autres qu'à moi-même."Extrait de "Apulée n°1"
" Homère et l'art de creuser un sabot appartiennent, presque à même altitude, au phénomène humanité : toute la culture est dans ce "presque". La nuance est notre dimension. Notre désir et nos choix génèrent le monde. [...]La culture remplace un vide qu'elle a créé. En place de l'instinct veille l'éternité du désir inaccompli. Cette vertu de rendre inattendue l'ample réalité, toujours ardente et prête aux plus apuléennes métamorphoses, tient en grande part à ce miracle de la littérature. Homère, en effet, sans cesse nous engendre dans la proximité des nuages ou l'effroi des antipodes."
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