MARIE COSNAY
Vendredi 7 juillet, à 12h / Buffet littéraire : Marie Cosnay et les Editions de l'Ogre,
Cour de la cure de Saint Maurice, Place Saint Paul
Un engagement tenu ferme
Le dernier livre paru
de Marie Cosnay, Aquerò, montre combien Marie Cosnay peut s’emparer de la langue et lui faire entendre,
non pas raison, mais la liberté. Comme si la tâche de l’écrivain
était précisément ce geste : dire à la langue qu’elle est libre selon qu’elle
le désire et qu’on l’y conduit.
C’est indubitablement le projet de Marie
Cosnay, née en 1965 à Bayonne. Celle qui enseigne les langues dites
mortes, classiques, anciennes, vit aussi dans une langue, le basque, qui donne
par ailleurs la puissance politique, en son attachement, à l’oeuvre
de Marie Cosnay. Son oeuvre se développe aujourd’hui entre poésie
et roman, mais rien de convenu ou conventionnel chez elle n’est
lisible. Tout au contraire, elle dégage une forme résistante.
Sans doute peut-on voir dans cet amour de la langue, le même
mouvement qui agite la traductrice qu’est aussi l’auteur, comme si l’une
et l’autre fonction était liée par la création, re-création.
La langue parle et s’invente, donne à voir et entendre ce que l’auteur
lui fait dire contre le sens épuisé de l’interprétation. La langue vit, Marie Cosnay lui donne
vie. En traduisant Les Métamorphoses, d’Ovide, pour les éditions
de l’Ogre (à paraître en 2018), c’est toute cette mécanique
subtile et puissante que l’auteur met de nouveau en marche.
Son oeuvre :
Depuis Que s’est-il passé, paru aux éditions Cheyne, elle a publié plus de 20 ouvrages. On peut citer notamment
: Villa Chagrin (Verdier, 2006), La Langue maternelle (Cheyne, 2010), Ovide, d’Orphée à Achille (Nous, 2011), A notre humanité (Quidam, 2012), Cordelia la guerre (éditions de l’Ogre 2015), Sanza lettre (éditions de l’Attente, 2016), Vie de HB (Nous, 2016) (voir extraits ci-dessous), Jours
de répit à Baigorri (Créaphis, 2016) et enfin, Aquerò, (éditions de l’Ogre), 2017 (voir extraits ci-dessous)
Marie Cosnay publie également régulièrement dans des revues,
et sur publie.net.
Sylvie Gouttebaron
Lire le blog de Marie Cosnay sur Mediapart
Marie Cosnay, à la maison des écrivains
Extraits de "Vie de HB"
"
Comment sait-on la passion (comment sait-on la mesurer)? Cet homme-là
c'est 1.5 de chaleur, cet autre 2? Et la force qui est dans l'individu?
(Forces d'individus, quand il est question de quantité de vie j'ai des
spécimens, ils racontent des histoires ; les montagnes sont secouées de
leurs rires.) La passion est cette quantité de vie que je suis prêt à
sacrifier pour la jouissance. Mais si j'en dépense beaucoup et que
j'aime beaucoup la vie ce n'est pas comme si j'en dépensais beaucoup
sans aimer la vie."
"
La grande question écrit HB après la traversée du Mont St Bernard
(1800), c'est toujours la même, celle de mon étonnement niais : quoi, ce
n'est que ça! L'objet est tout petit, il disparaît, proie pour l'ombre
qu'on choisit à sa place. L'objet c'est sans limite. C'est le
sublime..."
Extraits de "Aquero"
Cour de la cure de Saint Maurice, Place Saint Paul
Un engagement tenu ferme
C’est indubitablement le projet de Marie
Cosnay, née en 1965 à Bayonne. Celle qui enseigne les langues dites
mortes, classiques, anciennes, vit aussi dans une langue, le basque, qui donne
par ailleurs la puissance politique, en son attachement, à l’oeuvre
de Marie Cosnay. Son oeuvre se développe aujourd’hui entre poésie
et roman, mais rien de convenu ou conventionnel chez elle n’est
lisible. Tout au contraire, elle dégage une forme résistante.
Sans doute peut-on voir dans cet amour de la langue, le même
mouvement qui agite la traductrice qu’est aussi l’auteur, comme si l’une
et l’autre fonction était liée par la création, re-création.
La langue parle et s’invente, donne à voir et entendre ce que l’auteur
lui fait dire contre le sens épuisé de l’interprétation. La langue vit, Marie Cosnay lui donne
vie. En traduisant Les Métamorphoses, d’Ovide, pour les éditions
de l’Ogre (à paraître en 2018), c’est toute cette mécanique
subtile et puissante que l’auteur met de nouveau en marche.
Son oeuvre :
Depuis Que s’est-il passé, paru aux éditions Cheyne, elle a publié plus de 20 ouvrages. On peut citer notamment
: Villa Chagrin (Verdier, 2006), La Langue maternelle (Cheyne, 2010), Ovide, d’Orphée à Achille (Nous, 2011), A notre humanité (Quidam, 2012), Cordelia la guerre (éditions de l’Ogre 2015), Sanza lettre (éditions de l’Attente, 2016), Vie de HB (Nous, 2016) (voir extraits ci-dessous), Jours
de répit à Baigorri (Créaphis, 2016) et enfin, Aquerò, (éditions de l’Ogre), 2017 (voir extraits ci-dessous)
Marie Cosnay publie également régulièrement dans des revues,
et sur publie.net. Sylvie Gouttebaron
Marie Cosnay, à la maison des écrivains
Extraits de "Vie de HB"
" Comment sait-on la passion (comment sait-on la mesurer)? Cet homme-là c'est 1.5 de chaleur, cet autre 2? Et la force qui est dans l'individu? (Forces d'individus, quand il est question de quantité de vie j'ai des spécimens, ils racontent des histoires ; les montagnes sont secouées de leurs rires.) La passion est cette quantité de vie que je suis prêt à sacrifier pour la jouissance. Mais si j'en dépense beaucoup et que j'aime beaucoup la vie ce n'est pas comme si j'en dépensais beaucoup sans aimer la vie."
" La grande question écrit HB après la traversée du Mont St Bernard (1800), c'est toujours la même, celle de mon étonnement niais : quoi, ce n'est que ça! L'objet est tout petit, il disparaît, proie pour l'ombre qu'on choisit à sa place. L'objet c'est sans limite. C'est le sublime..."
Extraits de "Aquero"
"J'avais fait une promenade sur la route de l'enfance aux pins maritimes, j'avais croisé une biche impromptue qui m'avait bondi et ri au nez, je l'avais prise pour un chien, je m'étais abritée de l'orage et de la pluie battante, faufilée dans une crevasse que je ne connaissais pas, c'est là que ma vie (pensais-je pompeusement), ma vie avait basculé, la crevasse était un long entonnoir débouchant dans une cavité fraîche et obscure, je touchais terre, je touchais la terre, je touchais la mousse, je pensais une source non loin - à tâtons je découvrais les lieux.Je ne pensais pas, pas tout de suite à remonter.Comme tout à l'heure, au moment du chien-biche, je préférais ne pas voir, ne pas savoir. La pièce était circulaire. Tentée de me rallonger dans le froid, sur la mousse. D'en rester là, je veux dire en rester là de ma vie, la vie. Tentée de ne pas chercher à aller plus loin. Ni à sortir de la grotte ni à comprendre les choses du passé ni à aimer celles du présent.Je vomis, front appuyé contre la pierre dégoulinante de la grotte.Je ne sais pas où j'ai trouvé le courage de poursuivre."" C'est d'accord, il empêchera Bernadette d'aller à la grotte. Maintenant Bernadette rit de la tête de Jacomet. Son bonnet surtout, quand il s'énervait pour rien. Le père Soubirous ne rit pas, il grommelle. L'enfant marche devant - qu'elle marche droit! D'un chien, elle nous fiche le bazar - mais la lumière. Quand même, si elle dit qu'elle voit, elle voit. Diable comme on nous traite. Faudrait pas que ça fasse des histoires mais une gamine qui marche droit comme ça qui te dit qu'elle voit une lumière elle voit une lumière.Ils marchent, la fille devant, le père fier, derrière, fier et furieux, c'est pas des Jacomet qui vont nous. Comment diable on nous traite. Nous, passe encore, mais elle, la gamine, qui voit la lumière.
Le père est furieux."
Le père est furieux."
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