mercredi 14 juin 2017

LE PROGRAMME 2017


 LETTRES SUR COUR 

2017

Cour de la Cure Saint Maurice

Place Saint Paul



 Vendredi 7 juillet

12 h, Buffet littéraire
MARIE COSNAY, pour son oeuvre 
 (lire plus)

et les Editions de l’Ogre 
 (lire plus)


17 h, Lecture / Rencontre 
LINDA LË 
 (lire plus)

19 h, Concert 
LEÏLA MARTIAL (voc), VALENTIN CECCALDI (vcl), 
Le Fil en duo.
(lire plus)


Samedi 8 juillet

12 h, Buffet littéraire 
HUBERT HADDAD présente la revue Apulée.
(lire plus) 

15 h, Lecture /rencontre
 HUBERT HADDAD
(lire plus)
 Accompagnement musical : Saïd Idrisi Oudghiri (Darbuka) et Léo Fabre-Cartier (Oud, lotar)

17h, Lecture / Rencontre
CHRISTINE MONTALBETTI
(lire plus) 
 Accompagnement musical : Sandrine Marchetti

19h, Concert
LOÏS LE VAN (voc), SANDRINE MARCHETTI (p), 
Les Yeux de Berthe 
sur des poèmes de Philippe Jaccottet.
(lire plus)

Dimanche 9 juillet

12 h, Buffet littéraire 
Hommage à PAUL DE ROUX
(lire plus)  
 
17h, Lecture / Rencontre
BERNARD CHAMBAZ
 (lire plus) 
 Accompagnement musical : Kevin Fauchet

19h, Concert
LEÏLA HUISSOUD (voc, g), KEVIN FAUCHET (p, g, hca)
L'ombre
(lire plus)

lundi 12 juin 2017

INFOS PRATIQUES



Suivre l'actualité de Lettres sur cour

Au Trente, à la médiathèque de Vienne

Rendez-vous ce mardi 13 juin à 18h30 à la Médiathèque le Trente 
30 avenue Général Leclerc 38200 Vienne - 04 74 15 99 40
Accès bus : Lignes 2 et 3 l Arrêt quartier Saint-Germain


La médiathèque propose une rencontre littéraire en collaboration avec la librairie Lucioles :
"Quels livres dans vos valises ? Qu'allez-vous lire cet été ?"
Dans ce cadre, l'association est invitée à présenter la programmation  2017 de Lettres sur cour

http://www.letrente.fr/evenementmediatheque/livres-dans-vos-valises


Sur les comptes Facebook et Twitter de l'association

 


 

dimanche 11 juin 2017

LES AUTEURS INVITES : BERNARD CHAMBAZ

BERNARD CHAMBAZ




Dimanche 9 juillet, à 17h / Lecture rencontre : Bernard Chambaz
à la Cour de la Cure Saint Maurice, Place Saint Paul


Sans arrêt(s)

Oui, c’est au pluriel qu’il faudrait marquer les temps jamais morts que Bernard Chambaz fait vivre à la littérature présente. Souffle, coeur, esprit pourraient être les trois mots clés de son oeuvre mais ce serait bien réducteur, même si ces mots sont grands. Bernard Chambaz court. Il écrit et publie avec une énergie non dénuée - et c’est le paradoxe de l’oeuvre autant que sa beauté -, de douceur. L’histoire il la connait. Il l’a enseignée. C’est aussi avec elle, par elle, que son écriture prend corps, quelle qu’en soit la forme : roman, essai ou poème. Chambaz ne dit pas « recueil » pour cette dernière forme, il dit : «  livre de poèmes ». Le dernier qu’il a publié chez Flammarion est Etc, qui vient s’inscrire après le cycle d’Eté, achevé en 2010. Ce livre paraît dans le même temps que 17, au Seuil, série également, autant de Vies brèves que l’auteur se plaît à déplier pour nous lecteurs comme s’il avait suivi au plus près chaque instant de la vie de celles et ceux qui l’occupent. Donner vie, saluer la mémoire, faire revivre sont sans doute aucun l’intention majeure de l’auteur. C’est la mélancolie qui revient sans cesse, comme une ritournelle poétique parce qu’une fois pour toute, quelqu’un fut emporté qui ne cesse de revenir à la vie du poème. L’oeuvre de Bernard Chambaz est à la fois un tombeau et un ciel ouvert; un tombeau à ciel ouvert qui ne sera jamais refermé. Une myriade infinie de sujets tissés, un élan d’avenir, un paradoxe fabuleux, en voyage, en vivant, en écrivant, en courant. 
Quelques titres parmi les livres de poèmes, essais, récits, romans : Eté I, Eté II, Flammarion, Le Pardon aux oiseaux, Seuil, 1998, Une fin d’après-midi dans les jardins du zoo, Seuil, 2000, Dernières nouvelles du martin-pêcheur, Flammarion, 2014, Vladimir Vladimirovitch, Flammarion, 2015, Martin cet été, Julliard, 1994… 

Sylvie Gouttebaron

Bernard Chambaz, aux Editions Flammarion

Bernard Chambaz a également participé à plusieurs ouvrages de Franck Medioni, notamment Lettres à Miles, et réalisé des performances avec son ami Sylvain Kassap.

Bernard Chambaz et Sylvain Kassap

"S'il fallait renvoyer chez eux
Les mots arabes ou arabo-persans
Ça ferait du monde
Et un drôle de vide sur notre carte de séjour :
Azur hasard
D'algèbre à zénith
Jupe (ce serait dommage) & matelas & nuque (mon amour)"


Extrait de Vladimir Vladimirovitch
"Vladimir Vladimirovitch reprend son calepin. Il note : prédateur -celui qui vit de sa proie. Il le referme, l'ouvre à nouveau pour écrire : proie - être vivant dont un animal s'empare pour le dévorer. Puis il va chercher ses cahiers dans le tiroir. Et il se dit que tout se passe comme s'il était cerné par le Président Poutine et comme si le Président était cerné par les fantômes de Staline"

Extraits de etc. poésie
"Et cetera desunt - et ce qui reste manque
ce - [les choses]
disent les dictionnaires
mais davantage encore les êtres
disparus
en singulière disparition à tout jamais
- beaucoup au premier tiers de juillet -
l'été -
par un soleil éclatant"
"Fourré de lilas
à la frontière biélorusse
où mon amoureuse aux yeux verts
éternue
deux fois - c'est le pollen ou
l'amour -mais c'est quoi l'amour
peut-être
nos quarante-huit ans et demi aujourd'
hui ensemble - 
tout ça
ou rien que le lilas qui explose très doucement"

jeudi 8 juin 2017

LES AUTEURS INVITES : HUBERT HADDAD

HUBERT HADDAD

ⓒNemo Perier Stefanovitch

 Samedi 8 juillet, à 12h / Buffet littéraire : Hubert Haddad présente la revue Apulée

Samedi 8 juillet, à 15h / Lecture rencontre : Hubert Haddad
Accompagnement musical : Saïd Idrissi Oudghiri (darbuka) et Léo Fabre-Cartier (oud, lotar)
Cour de la Cure Saint Maurice, Place Saint Paul


L'oeuvre d'Hubert Haddad ressemble en cela au canevas complexe d'un somptueux tapis que pris un par un chaque noeud est aussi important, aussi parfait que le suivant -disons par exemple ses nouvelles, regroupées en deux coffrets qui sont des modèles d'invention où l'auteur exerce sans réserve son talent à explorer et l'imaginaire fictionnel et les infinies variations de la langue : "au magasin de l'imaginaire on peut tout s'offrir sans perdre un sou de réalité"-.
Prise dans son ensemble, la bibliographie de Haddad expose une cohérence qui n'a d'égale  dans sa limpidité que la diversités des thèmes abordés. Qu'il se présente en romancier ou en poète, qu'il s'essaie au roman zen ou à la chronique de la plus brûlante actualité :"Palestine", il explore dans le cadre de la nouvelle fiction, courant littéraire qu'il a créé avec quelques autres écrivains -dont Chateaureynaud, autre éminent nouvelliste- l'immense terrain de jeu de la création littéraire.

Lorsque paraît en 2016 la revue Apulée dont Hubert Haddad est le fondateur, c'est avec la même liberté, la même exigence intellectuelle qu'il donne la parole à tous les champs de la création intellectuelle : plasticiens, poètes, philosophes, historiens, et qu'il ouvre un espace  consacré au métissage des cultures, à l' intrication des traditions, des pensées et des peuples. La revue se propose avec plus de 70 contributeurs de réfléchir aux galaxies identitaires, principalement du pourtour de la méditerranée :« Sortir du manichéisme ordinaire, montrer la proximité charnelle, la nécessité où nous sommes d’admettre la contiguïté existentielle, la convivance des uns et des autres, tout le reste étant masquage idéologique ou aveuglement sectaire. L’essentiel de notre réalité partagée est symbolique, acquise, culturelle. Nous sommes traversés de légendes et de rêves et des mille palimpsestes d’encyclopédies évanouies ». Les 400 pages de la revue sont là pour rappeler que la simplification n'amène que des conclusions erronées, que nous sommes faits de milliers de tangentes intriquées les unes dans les autres, des mille pièces du puzzle multiculturel que constitue notre histoire.

Michel Edo 

 Hubert Haddad, aux Editions Zulma

La revue Apulée, sur le site des Editions Zulma 


 Extraits de "Le Peintre d'éventail "
"Le chemin grimpait maintenant entre les buissons de fusains, d'aralias et de houx, parmi des rochers d'inégales dimensions émergeant des mousses et des lichens ambrés, avec en arrière-plan des pins parasols et des cèdres nains. Il ne pouvait qu'admettre une fois de plus la souveraineté de la nature. Jardiniers et maîtres paysagers s'épuisaient en vain dans l'imitation de son aspect sauvage. Tant d'harmonies et d'heureux contrastes n'étaient pas dus au seul hasard : des millénaires d'ajustement avaient façonné ces abords jusque dans la sensibilité de générations contemplatives. Seules, la foudre, les intempéries ou la dégénérescence liée à l'incurie humaine pouvaient s'attaquer au paysage. Mais une magie native remodelait vite ces espaces. La nature respirait de tous les souffles de la montagne. Son énergie calme était comme la pensée des éléments, un dialogue entre ciel et terre. Matabei s'immobilisa, l'esprit aux aguets. Une bourrasque échevela un cèdre pleureur aux lianes d'or : portées par le vent, les cloches d'un sanctuaire shinto tintèrent en même temps que sifflait le milan. A quelle fin les signes du monde, coïncidaient-ils ?"
"Ecoute le vent qui souffle. On peut passer sa vie à l'entendre en ignorant tout des mouvements de l'air. Mon histoire fut comme le vent, à peu près aussi incompréhensible aux autres qu'à moi-même."
Extrait de "Apulée n°1"
" Homère et l'art de creuser un sabot appartiennent, presque à même altitude, au phénomène humanité : toute la culture est dans ce "presque". La nuance est notre dimension. Notre désir et nos choix génèrent le monde. [...]La culture remplace un vide qu'elle a créé. En place de l'instinct veille l'éternité du désir inaccompli. Cette vertu de rendre inattendue l'ample réalité, toujours ardente et prête aux plus apuléennes métamorphoses, tient en grande part à ce miracle de la littérature. Homère, en effet, sans cesse nous engendre dans la proximité des nuages ou l'effroi des antipodes."

mercredi 7 juin 2017

LES AUTEURS INVITES : CHRISTINE MONTALBETTI



CHRISTINE MONTALBETTI

 ⓒJ. Foley

Samedi 8 juillet, à 17h / Lecture rencontre : Christine Montalbetti
Cour de la Cure Saint Maurice, Place Saint Paul

rêver sur terre



Que se passe-t-il dans l’oeuvre de Christine Montalbetti  qui fait que le lecteur est amené à produire du sens presque de vive voix ? Vive, autant dire joyeuse et feutrée. Ce pacte passé de livre en livre entre l’auteur et son lecteur conduit à tenter de préciser ce que pourrait être une poétique de la narration partagée pleinement. L’auteur semble avoir besoin de son lecteur-interlocuteur autant que celui-ci, en retour, a besoin, évidemment, que les phrases avancent et se conjuguent pour que l’histoire prenne forme et se déroule, au sens propre, tel un écheveau ou une bobine d’un temps extrêmement moderne, ayant gardé cependant un peu le souvenir d’un conte. Ce tissu narratif est fait de grâce. 
Voyager avec l’auteur est un principe, chaque paysage est peint avec précision et donne corps autant aux situations qu’il ne densifie les « acteurs ». Il n’y a qu’à voir, ou entendre ce que Christine Montalbetti a fait (au sens poétique du terme justement), avec Le Bruiteur, l’une de ses dernières créations théâtrales (en février 2017, Pierre Louis-Calixte a créé cette pièce au Studio-Théâtre de la Comédie française). Les images appellent une suite de sensations et confondent l’auditeur/spectateur, convié par la force du texte, à une rêverie étrange. Ainsi se construit l’oeuvre de la romancière, attentive aux détails qui peuplent une page quand elle prend le vent, celui qui lui est cher sans doute, venu de la mer, cette mer du Havre, ville où elle est née. 

Les livres de Christine Montalbetti ont été tous publiés chez P.O.L. Elle écrit aussi pour le théâtre: Baba court dans les paysages a été mis en espace par Philippe Calvario au Festival de Hérisson (2008), L’Avare impromptu par Nicolas Lormeau à la Comédie française dans le cadre des « Petites formes » (2009). La Maison imaginaire répondait à une commande de France-Culture. En 2009, Denis Podalydès crée Le Cas Jekyll, dont le Théâtre National de Chaillot est co-producteur, et qui tournera pendant plusieurs saisons.La pièce est reprise dans une nouvelle mise en scène d’Elvire Brisson au Théâtre des Martyrs de Bruxelles en 2012. Parmi ses romans, signalons : La vie est faite de ces toutes petites choses (2016), Plus rien que les vagues et le vent (2014), Love Hôtel (2013) et si l’on remonte encore dans le temps, Western (2005) et son premier roman, Sa fable achevée, Simon sort dans la bruine (2001). 
Sylvie Gouttebaron

 Christine Montalbetti, aux Editions POL

Extraits de "La vie est faite de ces toutes petites choses"

"Car on n'en mène pas large, vous vous en doutez, à mordre dans son hot-dog à côté de celui qui s'apprête à partir dans le vide intersidéral. On essaye de se donner bonne contenance, on ressort sur la terrasse, où l'on déboule en clignant un peu des yeux, à cause de toute cette lumière océanique sous laquelle vos pupilles peinent à accommoder. On avise un banc fixe, chevillé à la rambarde, qui vous hachure le paysage de petits barreaux fins et serrés comme les fanons d'une baleine. A moins que vous ne choisissiez de rester debout, à votre guise. Et on papote comme on peut avec ceux qui se trouvent là..."
"C'est l'heure de rentrer dans la Station. Ils s'apprêtent à le faire, et les voici tout près de l'écoutille quand Mike interrompt leur mouvement. Hé, Ron, l'aube va poindre dans quelques minutes à peine. Si on restait, juste le temps de la voir naître? La Terre est encore noyée dans l'ombre, et Mike voudrait plonger encore une fois ses yeux dans les reliefs et les flots bleus, les montagnes et les lagons, les rivières et les étendues herbeuses que la lumière frise, dans cette explosion de couleurs qui accompagne les premiers rayons du soleil, en continuant de flotter, petite silhouette fragile, orgueilleuse et magnifique, suspendue au-dessus de tout ça, offerte au grand vide, et comme en symbiose alors avec tout l'inouï de de paysage."
 "Dans leurs casiers bien étiquetés, mouches mâles et mouches femelles joyeusement se reproduisent - la seule partie plaisante de l'affaire, et il faut dire qu'elles n'ont que ça à faire, recluses qu'elles sont, quand il n'est plus question de voleter dans des cuisines ni de s'en aller parcourir le monde à la recherche de poires blettes, de pommes en décomposition ou de liquides ayant subi une costaude fermentation acétique (puisque la vérité qu'elles expriment en se posant sur un fruit abîmé ou en suçotant du vin fermenté, c'est qu'elles aiment les moisissures). Vaguement interloquées, mais soumises, nos mouches se livrent à leurs orgies anonymes dans leurs boîtes, et pondent à qui mieux mieux une descendance née dans l'espace."